Expérience faite, un enseignant apprend autant qu’un étudiant, car au carrefour des savoirs, l’économie de la connaissance est reine
Jean-Paul Ndongo, architecte et enseignant
Déjà plusieurs années que j’enseigne dans une école d’architecture, et expérience faite, un enseignant apprend autant qu’un étudiant, car au carrefour des savoirs, l’économie de la connaissance est reine. La pédagogie doit muer, au milieu des avancées technologiques et socioculturelles. Ce n’est plus un « maitre » devant des « apprenants » mais c’est un lieu de partage avec ses règles prédéfinies d’avance. Dans mes ateliers d’architecture, je prône trois règles d’or : L’économie de la connaissance, l’éthique et la créativité illimitée rendue légitime par le respect des normes. Cette année, nous avons encore vu plusieurs étudiants être diplômés devant un jury International fourni avec des architectes comme l’Ivoirien Francis Sossah, l’architecte congolais Ben Ciepela Ngoy, l’architecte gabonais Rovariah Okengue, l’architecte malien Harouna Traoré, et bien d’autres.
L’illustration choisie pour cet article est un extrait des travaux de fin d’études de l’étudiante Marie-Ange Bonga B. , major de sa promotion, qui graphiquement résume les grandes problématiques explorées aujourd’hui dans les écoles d’architecture en Afrique: le développement durable et ses objectifs, l’ancrage à la culture et au territoire, une architecture réconciliant le passé et le futur, avec des matériaux nobles et adaptés, une mobilité urbaine qui se veut efficiente, le bâti comme vitrine d’une image de marque, etc.
L’École Supérieure Spéciale d’Architecture du Cameroun (ESSACA) qui a accueilli ce jury est un établissement d’enseignement supérieur privé dédié à l’architecture. Elle assure la formation initiale des architectes selon le système LMD (Licence, Master, Doctorat) et propose un cursus pédagogique adapté aux spécificités économiques, socioculturelles et traditionnelles de l’Afrique, avec des voyages d’études ou d’immersion professionnelle à l’international. L’ESSACA a produit sa première promotion d’architectes qualifiés en vue de l’Habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en son Nom Propre en novembre 2015, de laquelle je suis issu. Aujourd’hui, inscrit à l’Ordre National des Architectes du Cameroun et à la tête d’une agence créative, c’est une réelle passion pour moi de partager et de contribuer à l’éclosion d’architectes responsables et conscients des enjeux.
J’ai fait de trois qualités des chevaux de bataille dans mes enseignements: mon expertise technique, ma capacité à inspirer et mes compétences en communication. Après mon voyage à Dubaï pour participer notamment à l’Exposition universelle dans les Emirats arabes, j’ai réalisé que nous ne pouvons pas enseigner et former des futurs architectes sans sensibiliser à l’éducation au Patrimoine et à la Culture, à l’innovation et à l’interdisciplinarité, chose à la quelle je me suis attelé.